Arnaud Guillemant

Volker Schlöndorff est le plus européen des cinéastes allemands, Du Tambour à Diplomatie, le film explore la vie et l’œuvre de ce passeur de frontières qui a quitté son pays pour mieux le remettre en question. Comment se construit-on quand on est déraciné ? Qu’est-ce que le sentiment d’appartenance nationale ? Et si l’on rejette ses origines, qui est-on vraiment ? Volker Schlöndorff fait partie de cette génération d’Allemands marquée par la culpabilité, qui a grandi dans la honte du nazisme. Son départ pour la France, encore adolescent, apparaît comme une tentative d’échapper à sa nationalité, de devenir « plus français que les français ». Avec le succès, il partira plus loin encore, jusqu’à Hollywood. Pourtant, rares sont les artistes qui ont autant fait corps avec l’histoire de leur pays, en investiguant ses zones sombres. Ce qui est réjouissant, c’est qu’il fait ce travail sérieux avec indiscipline, en dérangeant l’ordre établi, en contestant l’histoire officielle. Cette question de l’attachement géographique se double chez Volker Schlöndorff d’une quête intime. Intellectuel traumatisé dans son enfance, Volker Schlöndorff s’est réfugié dans la littérature, dans le monde de la pensée, et tout son cinéma témoigne de ce difficile apprentissage à s’autoriser l’expression de ses sentiments.